Lors du voyage en Pologne avec l'équipe de France (25-26/11/99), Cathy Melain a rencontré, pour nous la faire découvrir, la bordelaise Nicole Antibe !


-Bonjour Nicole, qui es-tu ?
N.A. : Nicole Antibe, première du nom. 1m86, environ 80 kg, je n'en dirais pas plus. Née le 11/04/74. Fille de Geneviève Antibe et Nicolas Makosso. Une sœur de 19 ans, qui est adorable (rire).


photo Stadium 98
-Quel a été ton parcours jusqu'à ton premier club dans l'élite ?
N.A. : A l'âge de 14 ans, j'étais très très très nerveuse et mon docteur conseilla à ma mère de me faire faire du sport. Un jour, nous avons croisé, dans la rue, Yako Cator (ex-internationale), qui me proposa, vu ma taille, de faire du basket. Ma mère accepta tout de suite. J'ai donc commencé à 14 ans dans un petit club à Neuilly avec Yako Cator, une personne très importante pour moi. J'y ai joué pendant 2 ans. J'ai fait des sélections régionales, et à ce moment-là l'entraîneur de l'équipe de France cadettes (Jacques Vernerey) faisait une sélection pour intégrer l'INSEP. Ma mère accepta parce qu'elle ne voulait pas que je traîne dans la cité (Paris Clichy), ayant quelques mauvaises fréquentations. Je suis restée à l'INSEP pendant 3 ans, et durant cette période, j'ai fait partie des équipes de France Cadettes et Juniors.

-Quels sont les points positifs et négatifs de l'INSEP ?
N.A. : les points positifs ; je suis arrivée à l'INSEP à l'âge de 16 ans, je n'avais pas l'habitude de m'entraîner 2 fois par jour. Après un temps d'adaptation, cela m'a permis de mûrir et de me forger un mental. Il fallait pouvoir enchaîner l'école et les entraînements. J'ai progressé petit à petit.
Les points négatifs ; la séparation avec ma famille. Cela m'a énormément marquée, encore maintenant. Ma sœur a eu des problèmes suite à mon départ, elle s'est beaucoup renfermée sur elle-même. Ma mère l'a emmenée voir un psychologue et il a déduit qu'elle souffrait de mon départ.


-Ton premier club professionnel : Aix-en-Provence, pourquoi ?
N.A. : Jacques Vernerey nous aidait à trouver un club, il souhaitait que l'on réussisse. J'avais 3 propositions, Aix et 2 autres clubs. Aix me tentait plus, il y avait de grandes joueuses : Santaniello, Staneva, Zago… Cela allait me permettre de m'affirmer.

-Le bilan de ta carrière en N1A et ligue féminine ?
N.A. : La première année à Aix, l'entraîneur était Laurent Villard. Je me battais à l'entraînement pour prouver ce dont j'étais capable mais je ne jouais pas beaucoup. J'avais l'impression qu'il ne me faisait pas confiance. Mais je ne me posais pas trop de questions, je savais qu'un jour mon tour viendrait. Ma deuxième saison, l'entraîneur a changé et Jacques Vernerey est arrivé. Etant la personne qui m'a tout appris, j'espérais qu'il me ferait confiance. Mais ce fut difficile, il fallait que je prouve en permanence. Je me posais beaucoup de questions sans jamais arrêter de me battre durant le temps qu'il me laissait. Deux ans ont passé. Il n'y a pas eu de grandes différences entre les 2. Pendant ce temps, j'ai été sélectionnée en équipe nationale senior. J'ai réalisé que je pouvais réussir et cela m'a donné envie de me battre encore plus. A la fin de ma dernière année à Aix, l'Américaine ne jouait plus et j'ai eu ma chance. J'ai fait de très bons matches et ma confiance fut de plus en plus grande. Je réalisais ce dont j'étais capable. A l'intersaison, Aix souhaitait me garder et Bordeaux m'a fait une proposition. J'ai beaucoup hésité, la proposition que me faisait Bordeaux était supérieure à celle d'Aix. Francis Dandine était très enthousiaste. Je souhaitais changer d'air et essayer de reproduire ailleurs ce que j'avais réussi en fin d'année à Aix. Mon intégration à Bordeaux s'est très bien passée. Tout le monde me mettait en confiance, Francis Dandine m'a toujours soutenue. Irina Guerlits m'a beaucoup parlé, conseillée et encouragée. Elle m'a apporté son expérience : mentale, technique et la connaissance du jeu. J'ai progressé chaque année.

-Ton bilan de la saison 99/2000 à mi-parcours ?
N.A. : Nous avons mal commencé parce que nous avons eu des changements. Irina est partie et des jeunes sont arrivées, et beaucoup de joueuses étaient blessées. Notre préparation a été perturbée. Nous avons changé notre étrangère une semaine avant le début du championnat, l'autre étant blessée pour une période de 3 mois. Il fallait revoir tout le collectif, il nous a fallu 3 matches avant que nous soyions habituées à jouer ensemble. Nous avons fait un match " minable " en coupe Ronchetti (Funchal) et ce fut le déclic. Nous nous sommes réunis pour discuter de ce qui n'allait pas. Le match qui suivit, Nice, fut à l'opposé de ce que nous avions produit à Funchal. Ce fut le début de notre saison. Après nous avons eu des hauts et des bas, mais pendant les moments durs nous ne nous démoralisions pas comme auparavant. Nous sommes remontées petit à petit dans le classement (5ième à la fin des matches aller). Nous savons que la deuxième partie sera primordiale. Nous allons récupérer notre étrangère initiale et il va falloir que nous soyions fortes collectivement.

-Quel est ton rôle à Bordeaux cette année ?
N.A. : Il faut que j'essaye, malgré ma petite expérience, d'être le leader de l'équipe, d'être positive et d'encourager. C'est difficile par moment parce qu'il n'y a pas de retour, mais il faut que je continue.

-Te souviens-tu de ta première sélection en équipe de France ?
N.A. : J'avais 19 ans, c'était à Strasbourg avec Paul Besson. Il y avait 2 matches amicaux, pendant la trêve de Noël, contre l'Allemagne. C'était horrible ! Je tremblais, c'était très impressionnant. Je me faisais toute petite. Je me demandais ce que je faisais là.

-Ton meilleur souvenir en équipe de France ?
N.A. : Il n'y a pas photo ! C'est en Pologne, aux championnats d'Europe 99, le match contre la Yougoslavie pour la qualification aux J.O.. Le championnat d'Europe dans sa globalité est un très bon souvenir mais ce match reste le meilleur moment.

-Qu'évoque Sydney pour toi ?
N.A. : Dans la carrière d'un sportif, le but est de participer aux Jeux Olympiques. C'est le rêve ! Un rêve que je croyais impossible. J'ai peur de ce qu'il se passera après, de ne plus avoir de motivation.

-Tes ambitions aux J.O. ?
N.A. : Les 3 premières places, nous n'y allons pas en vacances. Nous avons beaucoup travaillé depuis 3 ans. Personnellement, je voudrais prouver que je suis capable de faire beaucoup mieux que ce que j'ai montré aux championnats d'Europe.

-As-tu une idée de ce que tu aimerais faire dans l'avenir ?
N.A. : Déjà, je souhaite jouer en Euroligue. Je souhaite évoluer, passer un cap. Je veux voir si je suis capable d'accomplir ailleurs ce que j'ai fait à Bordeaux.

-Tes qualités et tes défauts sur un terrain de Basket ?
N.A. : Mes défauts ; je parle beaucoup trop aux arbitres et parfois je me déconcentre. Ensuite, je souhaiterais faire évoluer mon jeu loin du panier, être polyvalente. Apprendre la technique que peut avoir une joueuse extérieure. J'aimerais aussi tenter plus ma chance à 3pts.
Mes qualités…. (pas de réponse)


-Si tu voulais que l'on garde une image de toi ?
N.A. : Que je rigole tout le temps, que je parle beaucoup. Un " boute-en-train ". Toujours de bonne humeur. Une personne généreuse, ma mère m'a toujours appris qu'il fallait partager. Cela me fait plaisir de donner.

-Qu'est ce qu'une bonne joueuse pour toi ?
N.A. : C'est une joueuse qui peut jouer partout, en tant que meneuse, ailière ou intérieure. Une joueuse complète, régulière et aussi une personne qui aide et apporte son expérience aux jeunes. Comme Irina par exemple ! Une bonne joueuse est une bonne coéquipière.

-Quels étaient tes rêves d'enfant ?
N.A. : Je n'aimais pas le sport en général donc cela n'a rien à voir. J'ai toujours voulu être infirmière. Je souhaitais être comme ma mère dans le milieu hospitalier, guérir, aider et soigner les malades. Cela me passionnait.

-Dernière question, il paraît que tu souhaites jouer à l'aile. INFO ou INTOX ?
N.A. : (rire) INTOX, ça ne va pas, non ! ! ! (rire) Enfin, oui et non. Je n'y pense pas spécialement. Mais Francis (Dandine) et Alain (Jardel, entraîneur équipe de France) me poussent à le faire. La vision du jeu est complètement différente, c'est très difficile. Si c'est pour aider l'équipe, je le ferai sans problème, en apportant ce que je peux.

Merci Nicole et bonne fin de saison.